Les autorités sanitaires américaines s’inquiètent de l’utilisation des insecticides chimiques faite par les particuliers dans le traitement des punaises de lit. De plus en plus de cas d’empoisonnement par insecticides sont signalés de l’autre côté de l’Atlantique. Comme nous allons le voir dans l’article de NBC News que nous proposons ci-dessous, les punaises de lit sont à l’origine de comportements qui vont bien plus loin que le simple bon sens.
« Le traitement contre la punaise de lit peut être pire que sa piqûre, alertent les autorités sanitaires américaines ».
« Un nombre croissant d’infestations de punaises de lit incite de plus en plus de personnes à avoir recours aux insecticides chimiques, parfois avec des conséquences désastreuses ».
Par Jonel Aleccia, NBC News
Selon les autorités sanitaires fédérales américaines, qui ont été alertées par de plus en plus de cas de mauvaise utilisation des pesticides (et d’empoisonnements), certaines personnes en proie à des infestations de punaises des lits pourraient aller bien trop loin en ce qui concerne leur éradication.
Entre 2006 et 2010, il y a eu 129 cas de personnes ayant souffert de problèmes de santé, qui allaient de légers à graves, lorsque des pesticides de plein air ont été utilisés à l’intérieur du foyer, selon un communiqué de santé publique publié cette semaine (NDLR : fin octobre 2012) par les « Centres pour la Prévention et le Contrôle des Maladies (CPCM) et l’Agence pour les substances toxiques ». Une femme en est morte.
«Beaucoup de gens s’arrachent les cheveux pour trouver une solution », a déclaré Bernadette Burden, un porte-parole du CPMC. « C’est une chose à laquelle ils ne sont pas habitués. La plupart du temps, ils sont tentés d’utiliser n’importe quel insecticide qui peut leur passer entre les mains. »
Ce fut effectivement le cas pour Melissa Constantinou, âgée de 25 ans et cuisinière en chef à Lowell, dans le Massachusetts, qui a connu une infestation de punaises l’année dernière. Son appartement a été traité à quatre reprises et elle affirme que les risques liés à la santé ne lui sont jamais venus à l’esprit.
« Oh mon dieu, c’est si perturbant sur le plan émotionnel », dit-elle. «J’étais prête à faire tout ce qu’il aurait fallu. Je ne pensais pas du tout aux effets à long terme. »
Le problème, c’est « une nouvelle affaire d’ordre national », affirment les organismes de santé, citant les données du Centre d’Information National sur les Pesticides (CINP), où les enquêtes sur les punaises de lit ont presque doublé entre 2007 et 2011. Au niveau national, cela fait plusieurs années que les rapports d’infestations de punaises de lit sont en augmentation, nous indique le CPMC. Entre janvier 2008 et avril 2012, les demandes téléphoniques de traitement contre la punaise de lit ont triplé, passant de près de 100 à 300 appels par mois, selon un sondage réalisé par Jeff White, directeur technique du site Web « BedBug Central ».
La plupart des problèmes surviennent lorsque les gens utilisent une quantité trop importante de pesticides ou les appliquent de manière incorrecte, a déclaré David Stone, directeur du CINP et en charge de surveiller les données.
«Un grand nombre d’entre eux ne savent pas lire les étiquettes. », a déclaré Stone. « Par exemple, que tel produit ne doit pas être appliqué directement sur la peau, qu’un autre ne doit pas être vaporisé sur des matelas. »
Les victimes ont donc souffert des symptômes typiques d’empoisonnement par pesticides, allant des maux de tête, nausées, vomissements, diarrhées, étourdissements aux tremblements musculaires.
Dans l’État de l’Ohio, en 2010, toute une famille comprenant les deux parents, les quatre enfants en bas âge ainsi qu’un colocataire, est tombée malade après qu’une société d’extermination de punaises non certifiée ait utilisé du « Malathion » pour traiter un appartement à cinq reprises en trois jours. Le Malathion est un pesticide qui n’a pas été agréé pour une utilisation en intérieur et l’équipe en question en a si allègrement appliqué que les lits et les revêtements du sol en étaient complètement saturés, selon un compte rendu récent du CPMC.
Un décès est survenu lorsqu’une femme de 65 ans originaire de Caroline du Nord qui souffrait de problèmes cardiaques et rénaux est tombée malade après avoir utilisé de sa propre initiative, un cocktail de pesticides. Avec l’aide de son mari, ils ont traité les murs et les plinthes de la maison avec un type d’insecticide différent, utilisé un autre type d’insecticide sur le sommier du lit et le matelas, et ont ouvert neuf boîtes de fumigateur insecticide. Deux jours plus tard, ils ont « récidivé » et réappliqué les insecticides sur le matelas, le sommier et rouvert neuf boîtes d’une autre marque de fumigateur. Cette femme a appliqué par la suite un insecticide anti-puces et punaises de lit sur ses bras, les plaies qu’elle avait sur sa poitrine, et sur ses cheveux avant de recouvrir ces derniers avec un sachet en plastique.
Deux jours après la deuxième application des pesticides, le mari de la femme a constaté que son épouse ne réagissait pas. Elle a été hospitalisée pendant les neuf jours qui ont précédé sa mort, explique le rapport du CPMC.
« Les pesticides de plein air ne doivent pas être utilisés à l’intérieur, et ce, quelque soit les circonstances » avertissent les responsables de l’Agence pour les Substances Toxiques. Les consommateurs doivent s’assurer de bien lire les étiquettes des produits avec grand soin pour être sûrs qu’ils sont agréés par l’Agence de Protection de l’Environnement et qu’ils sont garantis pour une utilisation en intérieur.
« Chose encore plus importante, il est fondamental de suivre le mode d’emploi et d’avoir la certitude d’utiliser le bon type d’insecticide pour traiter tel type d’infestation », a déclaré le porte parole du CPMC, qui a remarqué que les punaises de lit peuvent souvent être confondues avec d’autres insectes en fonction de leurs différents stades d’évolution.
Source : NBC News
Le cas de cette femme de 65 ans est aussi tragique que désespéré. On aurait presque du mal à y croire…